IL LES APPELA "APOTRES"

"Prêchez l'Évangile" (Mc 16,15)

JACQUES (de la pauvreté dans l'esprit)
"Dis-nous quand cela arrivera". (Marc 13,3)

Vous me connaissez sous le surnom sonore de Boanerge (fils du tonnerre) et ne l'oubliez pas car je l'ai bien mérité à cause de mon désir instinctif' de dominer les autres. Un désir héréditaire, c'est vrai, mais qui a augmenté par la force de ma violence. Je croyais que dans le monde des hommes il fallait exercer la loi des poissons: les plus gros mangent les plus petits. Je voulais être un gros poisson et je voulais me maintenir à la surface; c'est pour cela que je faisais la grosse voix.

Le Maître me supportait, il ne disait rien mais son exemple était bien différent. J'étais tenté de croire que cette façon de faire, silencieuse, ce fait de se taire toujours, était le signe d'une timidité ou d'un manque de personnalité et par contre je me suis aperçu que c'était seulement de l'amour. Lui n'était pas timide, il ne manquait pas de personnalité. Au contraire. Il se servait justement de sa force pour aimer d'une manière qu'avec lui nous nous trouvions à notre aise, pour permettre que notre personnalité à nous puisse grandir, se développer, se manifester.

Au bout de quelques années et après maintes expériences personnelles et d'autrui, je me suis aperçu que le fait d'être le fils du tonnerre était une manifestation de superficialité. J'étais très superficiel, je faisais attention aux apparences et c'est pour cela que le bruit ne me déplaisait pas. Quand j'ai commencé à avoir l'intuition de la présence et de l'action du Saint Esprit, alors seulement j'ai commencé à vivre en une profondeur différente, nouvelle, inhabituelle. Je ne sais pas ce que les gens qui m'avaient connu auparavant, pouvaient penser de moi. Certes, j'avais changé. Mais j'en remercie le Seigneur: un changement semblable je le souhaite et le désire pour tout le monde. Une vie nouvelle s'est présentée à moi. Je ne sais pas comment l'appeler: vie intérieure peut-être, ou vie divine, ou vie spirituelle

C'est peut-être l'entrée au Royaume de Dieu car à ce niveau de vie ni les goûts ni les désirs du monde l'emportent mais l'amour du Père pour tous. Oui, c'est vraiment la porte du Royaume des cieux.

J'étais vraiment très superficiel. En y pensant bien j'en rougis presque. Ma curiosité aussi était une manifestation de superficialité. En effet j'étais curieux. Avec mon frère et les deux fils de Jonas, moi aussi j'ai eu le courage de demander au Maître des choses qu'il n'était pas nécessaire de demander. Mais j'étais superficiel, je me contentais et cherchais l'apparence de la réalité. Je lui ai demandé en quelle occasion ou en quelle année certains évènements. auraient dÛ arriver. C'était une demande de curiosité. Je voulais savoir pour savoir, je voulais connaître les secrets de Dieu pour le seul goût de les connaître ou, peut-être, je ne sais pas ce qui était en moi: était-ce le désir d'être plus renseigné que les autres, d'être renseigné le premier de façon que je puisse dire ensuite: "je le savais déjà "!

C'était de la curiosité qui me fourvoyait de mon devoir, de l'attention mon Seigneur. Ma vie est en lui, cachée en lui: je devais l'apprendre. Je n'ai pas besoin de savoir quand arrivera un fait important, mais il m'est utile par contre de rester immergé dans l'amour du Père, cramponné à Jésus.

Même pas les anges connaissent le futur, pas même Jésus, le Maître, s'en soucis. Et moi, son disciple, je ne veux pas non plus me prélasser dans des rêveries et dans la recherche de pronostics et de pressentiments. Ce, sont les jeux du Malin.

C'est pour cela que les curieux restent toujours loin de la réalité, toujours en dehors du cœur de Dieu. Il ne l'ouvre pas à ceux qui s'approchent de lui pour savoir, il l'ouvre à ceux qui s'approchent de lui pour s'offrir, pour se rendre disponibles, pour l'aimer. C'est à eux que le Père ouvre son cœur et manifeste ses secrets sans même qu'ils les lui demandent, sans qu'ils s'en aperçoivent. Dieu n'ouvre pas son cœur à ceux qui veulent l'étudier et se vanter pour ce qu'ils ont vu dans sa lumière. Le Père devient un cœur transparent pour celui qui s'y plonge avec amour: et ceci arrive aux petits, aux humbles, à ceux qui se contentent. C'est notre Maître qui nous l'a dit un jour et je l'ai moi-même expérimenté.

Lorsque je cherche de comprendre Dieu, je m'éloigne de lui. Lorsque je désire l'aimer et disparaître en lui, alors je le comprends. Comme elle est merveilleuse et étrange la façon de faire de Dieu! Elle est sage Bienheureuse la pauvreté dans l'esprit. L'esprit humble et pauvre, qui n'est pas en quête de grandeurs, qui ne cherche pas de tout savoir et de savoir tout de suite, c'est l'esprit bienheureux. Il est dans les conditions idéales pour recevoir la lumière du Royaume.

Bienheureux est celui qui s'approche du Seigneur et de ses créatures avec de la reconnaissance et non pas avec de la curiosité.
La curiosité à l'égard des choses de Dieu ou de ses créatures empêche de voir Dieu. J'ai appris à me contenter de ce que Jésus-même me dit: cela est utile et nécessaire pour que ma vie devienne la sienne, une manifestation de la sienne ! La curiosité emmène des désirs de vanité ainsi qu'il m'est arrivé juste à moi.
Je voulais savoir d'avance quelle était ma place pour m'en assurer la première. Et j'ai entraîné dans cette étrangeté le plus jeune de mes frères. Jésus a été bon. Il ne m'a pas reproché mais il m'a fait comprendre que ma place doit être la sienne: m'offrir au Père, boire son calice, donner ma vie.

Quand je cherche quelque chose pour moi, soit une place, soit des choses à savoir par curiosité, je ne vis pas une vie divine car je suis égocentrique'. Seulement quand je peux dire: "me voici,, "que ta Parole s'accomplisse en moi", alors ma vie et celle du Fils sont une seule.
Moi Jacques de Zébédée, fils du tonnerre, je suis heureux de te dire que la pauvreté intérieure, se contenter de tout, rester en silence, c'est un grand don qui aide à aimer Jésus.
Ne rien désirer pour soi, c'est un grand gains qui attire sur toi la paix de Dieu et la ressemblance avec lui. .
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