SOIXANTE-DIX-SEPT FOIS

"Pardonnez et vous serez pardonnés" (Lc 6,37)

Seul un Dieu qui soit Père peut pardonner. Seul celui qui a en soi l'Esprit de Dieu le Père peut pardonner. Jésus nous montre la face du Père et nous donne son Esprit pour que nous devenions capables de pardonner.
Ainsi notre vie se "perfectionne": elle porte à la perfection l'amour!
Celui qui ne pardonne pas ne vit pas la vie de Dieu.
Celui qui ne pardonne pas entre dans le circuit de celui qui ne sait pas pardonner
parce qu'il est sorti de la lumière de Dieu: il reste en dehors de l'amour,
plongé dans l'égocentrisme, replié sur soi, tortueux: il ne vit pas.
Dieu est Dieu car il sait pardonner! Il sait aimer jusqu'à ce point, jusqu'à pardonner soixante-dix-sept fois!

Vigilio Covi


PARDONNES

Si nous étions au Paradis, ce problème n'existerait pas: combien de fois doit-on pardonner? Il n'existerait pas et il n'existera pas lorsque nous y parviendrons. Nous serons alors tous pardonnés.
L'adjectif qui sera commun à nous tous au Paradis sera: pardonnés. Du traditionnel concierge au plus grand saint canonisé, jusqu'au dernier arrivé: tous pardonnés.
Seule Marie ne fera pas l'expérience directe du pardon mais, par contre, elle en fera l'expérience indirecte à travers tous ses enfants.
Nous serons tous des saints pardonnés. Il n'y aura aucun saint innocent, exclusion faite des enfants. Nous serons tous saints parce que nous aurons été pardonnés.
Cette réalité me réjouit et m'encourage. Elle m'encourage à regarder aux délinquants actuels comme à des saints possibles. Elle me réjouit d'avoir quelque chose en commun avec les plus grands héros de la foi, ceux devant lesquels on ne pourrait que rougir: les martyrs, les confesseurs, les anachorètes, les mystiques.
Pardonnés! mais il est une autre réalité qui unira dans la joie les habitants du Paradis: nous serons tous des personnes qui ont pardonné.

Etre pardonnés et pardonner ce sont les deux souliers à chausser pour gravir la voie du salut

Pardonner et être pardonnés, conséquence du fait que Dieu est miséricordieux: c'est pourquoi il pardonne et c'est pour cela que nous, qui sommes ses fils, nous pardonnons, pour être porteurs de son Esprit, imitateurs de sa façon d'agir, insérés dans les motions de son coeur.


PARDON: PRESENCE DE DIEU, CULTURE "NOUVELLE"

Se laisser pardonner et pardonner sont à présent l'anticipation du Paradis: ce sont des caractéristiques de la présence de Dieu dans notre ... carrière humaine, présence de Dieu dans la vie et dans l'histoire. Je dis: présence de Dieu! Oui car accepter le pardon et pardonner cela ne fait pas partie du bagage de la culture démoniaque, ni de celle héritée de l'orgueil et de l'égocentrisme d'Adam! Cela fait partie seulement d'une culture supérieure venant d'un autre monde, de là-Haut.

Le fait de pardonner et d'accepter le pardon c'est l'indice de la présence de l'autre monde. Est-ce par hasard que Jésus au début de sa mission a commencé par baisser sa tête avec tous les pécheurs sous la main de Jean qui le baignait dans le Jourdain et qu'il l'a terminée en demandant à son Père pardon pour les pécheurs qui levaient leurs mains contre Lui, passé pour malfaiteur?

Est-ce un hasard que Jésus, apparu aux siens, ait donné sa paix en les chargeant en même temps de remettre au nom de Dieu tous les péchés de ceux qui l'aurait accueilli?

Se laisser pardonner et pardonner sont des moments de la vie impossible.

Tout le monde dit que c'est difficile; moi je dis que c'est impossible. Impossible tant que nous n'appuierons pas notre vie en dehors de nous-mêmes, c'est-à-dire tant que nous ne croirons pas.
Celui qui ne croit pas en Dieu est à la recherche de son propre salut. Lorsqu'il fait une erreur, il s'aperçoit tout au plus d'avoir commis une erreur mais non d'avoir péché. C'est pourquoi il cherche des justifications, il ne cherche pas le pardon. Il ne vit pas appuyé sur Dieu, en rapport avec Lui: il ne demande pas pardon, il s'excuse auprès des hommes, il cherche des excuses dans son passé, dans les erreurs éducatives des autres, dans la mauvaise influence de la société. S'il n'en trouve pas, il s'adresse au psychiatre qui en trouvera dans la subconscience. Ou bien il s'adressera au magicien qui les individualisera en quelqu'un qui a jeté le mauvais sort, etc.

Celui qui ne croit pas en Dieu ne sait pas demander pardon: il ne l'espère de personne. Il se trouve dans une impasse sans sortie, obligé à oublier ou a suffoquer, ou à éviter d'autres personnes, ou à désespérer.

Celui qui ne croit pas en Dieu ne sait pas pardonner. Il n'y arrive pas; cela ne peut pas nous étonner.

Le pardon est quelque chose d'étroitement lié à Dieu. Si Dieu disparaît de l'horizon, il n'existe plus de pardon. Et lorsqu'il n'y a plus de capacité de pardon, c'est que Dieu n'est plus à sa place dans le coeur de l'homme.

Et il ne s'agit pas d'un Dieu "quelconque"! Mais seulement du Dieu Père de Jésus-Christ.
Le pardon est proposé en effet seulement par la foie chrétienne. Dans les autres religions il n'est pas connu: ce sont des constructions de l'homme et l'homme n'est pas capable de pardonner. Seul l'homme qui regarde à Dieu Père de Jésus, de ce Jésus qui meurt sur la croix en pardonnant, et qui accepte son Esprit, celui-ci devient capable de pardonner et jouit de pouvoir pardonner. En regardant au Père, il voit Celui qui jouit pour le fils qui retourne repenti, Celui qui désire le bien de qui a été vaincu par le mal.
Soyons donc reconnaissants à Dieu de s'être fait connaître comme Celui qui pardonne, qui nous pardonne! La véritable reconnaissance c'est de faire ce que Lui il fait!


POURQUOI PARDONNER?

L'incapacité de pardonner c'est la conséquence de l'athéisme. Tu ne peux pas pardonner parce que Dieu a perdu sa place en toi.

L'homme peut pardonner seulement lorsqu'il vit pour des raisons supérieures aux dommages qu'il a subis. Lorsqu'une personne met tout son espoir dans sa santé, elle ne réussira pas à pardonner celui qui par suite d'un accident la lui a endommagée. Lorsqu'une personne met tout son espoir dans la considération sociale, elle ne peut pardonner celui qui lui fait perdre sa carrière.

Lorsque quelqu'un met son attention à la richesse, il ne réussit pas à pardonner celui qui cause la faillite de la banque où sont déposées ses économies.

Mais si je vis pour quelques raisons supérieures alors c'est différent. Si je vis pour glorifier Dieu, si je vis pour l'amour de Jésus en tâchant d'étendre son Règne car c'est Lui le salut, ce but ne peut m'être enlevé ni par la maladie ni par la position sociale, ni par la faillite. Au contraire, dans les situations de malaise, mon témoignage au Seigneur est encore plus fort et décisif.

Celui qui m'aurait éventuellement offensé ne m'a pas ruiné, ainsi que les bourreaux n'ont pas ruiné Jésus. Jésus voulait obéir au Père et Lui offrir sa vie, et aimer les siens jusqu'à la fin: Les bourreaux n'ont pas pu le lui empêcher.

Ils l'ont même mis dans une situation qui a rendu son amour, son obéissance, son offrande encore plus évidents. Je crois que c'est là le secret du pardon, de la capacité de pardonner: une conversion plus radicale.

Jusqu'à ce qu'il n'y a pas de conversion à Jésus il ne peut y avoir de pardon. Celui qui aime Jésus plus que soi-même réussit à pardonner, il le fait même volontiers, comme Jean Paul II a fait avec celui qui a attenté à sa vie.

Si j'aimais ma vie plus que Jésus je ne réussirais pas à pardonner. Mais si je l'aime Lui plus que moi-même alors je réussis de faire ce que Lui a fait: il a pardonné. C'est là le secret -pas tellement secret - de la véritable harmonie et concorde et paix entre les hommes: Jésus. Croire en Lui, c'est-à-dire l'aimer follement de façon à ne faire plus rien sans Lui et en dehors de Lui, voilà le véritable salut de l'homme et de l'humanité.

Pour arriver à pardonner il faut donc se convertir! Changer de mentalité. Ne plus voir notre vie comme une recherche de notre avantage mais comme une offrande à Dieu cour que son Règne se répande, son don soit accueilli, son Fils soit aimé.

Ce n'est pas une aliénation, c'est la seule voie pour être utiles aux hommes et à la société. La seule voie :le chemin désormais long et multiforme le prouve.

Celui qui parcourt cette voie est un bienfaiteur de l'humanité même s'il ne paie plus de contributions aux caisses de la prévoyance!

Lorsque j'aime Jésus plus que moi-même, le Saint-Esprit est dans ma vie, il est individualisé dans ce même rapport d'amour. Et le Saint-Esprit est esprit d'harmonie et source de pardon. Le Saint-Esprit me donne une lueur nouvelle pour considérer les hommes, les pécheurs qui m'ont offensé: il me les fait voir comme fils de Dieu qui ont cédé aux pressions du Malin. Les pécheurs, qui sont-ils? Ce sont des hommes souffrants, vaincus par les tentations. Celui qui m'offense, qui m'outrage, qui détruit ma vie, qui est-ce? C'est une personne qui a perdu l'amour, qui a interrompu son rapport avec Dieu, qui est tombée dans les pièges de l'avarice, de l'envie, de la jalousie, de l'ambition ou de quelque autre convoitise.

Si je suis dans l'Esprit de Dieu, qui me garanti un rapport authentique avec Jésus, je peux par l'amour avoir une influence positive sur ce mal qui entre dans le monde.

Si je ne suis pas dans l'Esprit de Dieu, je réagis par un autre mal, par des sentiments violents, des expressions arrogantes ou des actions de défense et d'accusation. Et à la chaîne du mal j'ajouterais un nouvel anneau qui appesantirais ultérieurement la charge de souffrance des hommes.

Si je suis dans le Saint-Esprit je désire pardonner : Je désire restaurer l'harmonie entre les hommes et Dieu.

Seul celui qui aime Jésus peut pardonner: sa miséricorde même entre dans son cœur. Le pardon alors est complet et n'est pas calculé... comme Pierre pensait devoir faire.

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