1ª lecture Gn 18,1-10 du Psaume 14 2ª lecture Col 1,24-28 Evangile Lc 10,38-42
" De même que toi, Père, tu es en moi et moi en toi, ainsi
puissent être eux aussi une seule chose, afin que le monde puisse croire
que tu m'as envoyé ". Jésus continue à exprimer au
Père son désir, il en a un seule pour les disciples présents
et pour les futurs. Il formule ce désir de façon complète.
Ce ne serait pas nécessaire pour le Père, lui qui connait comme
son Fils les nécessités des hommes, mais Jésus sait qu'il
est utile et nécessaire de le formuler pour les disciples mêmes.
Ils doivent savoir quels sont les pensées et désirs à cultiver
pour être unis à lui, pour être aimés du Père,
ainsi seront-ils capables de discerner aussi les grandes tentations qui viendront
les oppresser et les faire tomber ou les faire retourner à être
part de ce monde. Les disciples doivent connaitre ce qui est cher à leur
Seigneur pour être de vrais disciples et être unis à lui
dans le profond du cur. Ils devront ensuite attendre non seulement que
Dieu réalise sa volonté, mais aussi utiliser toutes leurs forces
et possibilités afin que cette volonté devienne une réalité
quotidienne. Donc, il explicite ce qu'il a déjà dit précédemment.
Il veut que les disciples soient une seule chose, mais comment ? " même
que toi, Père, tu es en moi et moi en toi ", voilà l'image
parfaite à laquelle se référer, à prendre en considération.
Jésus est exigeant. Il est courageux. Si ces paroles n'étaient
pas sortie de sa bouche, aucun homme n'aurait jamais rêvé non seulement
de les prononcer, mais même pas de les penser et de les présenter
à Dieu. La parole introductive, " De même que " ne veut
pas seulement exprimer un modèle, mais aussi une cause. Le terme pourrait
etre aussi considéré comme " De la même façon
" ou bien aussi " Du moment que ". Le Père et Jésus
sont l'un dans l'autre, sans se confondre, sans perdre leur propre individualité
et leurs propres caractéristiques. Le Père qui est dans les cieux
est en Jésus qui est sur la terre et en lui il réalise son amour
envers les hommes : Jésus s'adapte à cet amour, en tout, jusqu'à
la fin, c'est-à-dire jusqu'à mourir pour lui. Jésus qui
est sur la terre est dans le cur du Père, dans les cieux, dans
le Père qui jouit de lui, de son obéissance au point de lui donner
toute sa confiance et donc tout son " pouvoir " d'amour. On pourrait
presque dire que Dieu se soumet à son Fils auquel il consigne des choses
visibles et des choses invisibles, la terre et le ciel, c'est-à-dire
même sa propre habitation et son propre règne.
Nous pourrions appeler ce dimanche, le dimanche de l'hospitalité. Les
lectures nous offrent des exemples et des idées très belles et
intéressantes pour réfléchir sur cet argument. La plus
belle chose qui ressort est que l'homme est capable d'héberger dieu !
Et que Dieu est tellement humble à demander à l'homme d'être
hébergé. Abraham accueillit les pèlerins qui passent près
de sa tente. Il les accueille avec grand amour, avec générosité,
avec chaleur et il se rend compte ensuite que sous la forme de pèlerin,
c'est Dieu même qu'il a accueilli. Un homme a nourri Dieu ! Un homme l'a
accueilli dans sa propre maison sans le savoir. Il l'a traité comme un
vrai et grand ami et il a été repayé. Dieu a exaucé
ses désirs longuement cultivés et désormais abandonnés.
Sa femme Sara, trop vieille en âge pour avoir des enfants, aura le fils
tellement attendu et qui n'était jamais arrivé.
L'hospitalité n'est pas tellement un don que l'on fait, mais c'est plutôt
un don que l'on reçoit ! On peut remarquer cela aussi dans ce passage
évangélique. Marta accueillit Jésus et le sert avec empressement.
Jésus est très attentif aux gestes de Marta et à sa façon
de l'accueillir et il l'aime tellement au point de se permettre de lui faire
une observation bienveillante. A' vrai dire, Jésus trouve l'occasion
d'une question que Marta même lui pose, une question qui révèle
une prétention envers Jésus même et un jugement envers sa
sur Marie. Ainsi Jésus peut aider à discerner lequel est
le véritable accueil. Celui qui s'occupe des choses n'est pas attentif
aux personnes. Celui qui se préoccupe des choses à offrir, même
s'il est animé par le sentiment de générosité, risque
de céder au péché d'ambition, de vaine gloire, de hâte
et, donc, aussi de jugement et de condamnation envers les autres. La préoccupation
pour les choses à faire enlève l'espace aux personnes. Le Seigneur
s'est senti accueilli comme un Seigneur et Maitre par Marie et non par Marta.
Marta voulait lui offrir ses services, Marie accueillait le don de la Parole
qu'il était venu porter. Marie écoutait, prête à
obéir à tout signe de Jésus. Marta exigeait que Jésus
lui obéit et que Marie se détachait de l'écoute. Au fond,
elle exigeait d'être considérée plus importante que le Seigneur
même.
Abraham écoute ses hôtes, Marie écoute Jésus. Dieu
a toujours une Parole pour l'homme, la parole qui le sauve, qui lui donne la
vie, qui le console et le réjouit, qui lui reproche quelque chose et
le fait sentir de ne pas être seul. La Parole, dit Saint Paul, fait connaitre
Dieu et son mystère, ce mystère qui est caché mais qui,
à nous, est permis de vivre en portant sa croix. Avec elle peut se compléter
en nous l'image du Fils de Dieu, qui a souffert la mort pour initier et édifier
l'Eglise. L'Eglise est le lieu où le mystère de l'amour de Dieu
se manifeste, c'est le lieu de l'accueil de Dieu sur la terre. En elle et d'elle
vient annoncé Jésus, le Seigneur, qui ensuite rentre dans le cur
des croyants pour les faire devenir sa bénédiction dans le monde.
" Là où deux ou trois personnes sont réunies en mon
nom, je serai présent " : Jésus est chaque jour dans son
Eglise, non seulement comme celui qui est accueilli mais aussi comme celui qui
nous accueille.