IL LES APPELA "APOTRES"

"Prêchez l'Évangile" (Mc 16,15)

ANDRE (de la pauvreté)

"... mais qu'est-ce que c'est cela pour tant de monde?" (Jean 6,9)

Je suis habitué à calculer. Je savais calculer combien de corbeilles de poissons il fallait vendre pour vivre une semaine.
Il était facile de calculer que pour une foule de centaines et de milliers de personnes cinq pains d'orge et deux poissons ne suffisaient pas. Je n'ai pas eu peur de communiquer mes conclusions au MaÎtre.
Lui cependant n'a pas fait attention à ce que je lui disais. Il m'a laissé à mes calculs et il a continué imperturbable sur un autre chemin, sans calculs.

Alors j'ai appris.
La leçon du MaÎtre m'a aidé à compter, à calculer sur la présence et sur l'amour du Père. d je me souviens d'avoir un Père, tel que mon Seigneur me l'a fait connaître et rencontrer, alors je suis tranquille. Quand je me souviens que mon Père est le créateur de l'univers, je n'ai plus peur ni de la faim, ni de la soif, ni du futur, ni de la parcimonie 1a plus extrême.
Et lorsque je me souviens que mon Père est notre Père à nous, alors je n'ai plus peur des hommes. Et lorsque je me souviens que le Père voit et entend, alors j'aimerais d'être pauvre, encore, plus pauvre, pour lui permettre de se montrer papa, d'exercer sa paternité dans ma vie.

En vivant avec Jésus et nous étions nombreux et aucun de nous avait un travail rétribué par les hommes en vivant avec lui j'ai appris à fa-ire les comptes autrement. J'ai appris que un plus un ne fait pas deux mais cent! Oui, parce qu'avec Jésus à un plus un il faut ajouter le Père. Voilà le secret! Un secret qui se complète ainsi: un plus un pour donner et non pas un plus un pour prendre. Depuis ce jour-là lorsque j'ai vu lei cinq pains devant cinq mille bouches, je ne me plains plus. Alors je me suis plaint avec Jésus de la pauvreté. A présent je ne peux plus me plaindre. Et même je désire la pauvreté pour pouvoir encore voir les miracles de Dieu.

Je me suis aperçu que dans la pauvreté nous, les hommes, sommes aidés davantage à confier en Dieu, à voir le visage du Père, à être attentif à ses délicatesses. Dans la pauvreté, notre foi grandit et, avec la' foi, notre capacité de communion et d'être frères, les uns pour les autres.

J'ai de la compassion pour les riches qui ne peuvent pas expérimenter la grâce et la beauté de cette vie.

Pour moi, habitué à gagner mon pain en trimant sur les filets de pêche, habitué à pouvoir dire: j'ai travaillé, j'ai gagné, je ne dépends de personne, pour moi élevé ainsi il a été dur de changer de mentalité. Avec le MaÎtre il n'y avait plus de temps pour travailler, pour travailler de façon à percevoir une rétribution. Avec le Maître, je prévoyais la misère. Mais après tant d'années, me voici encore vivant. Et même, si. j'y pense bien, il ne m'a jamais rien manqué.

Le MaÎtre aussi a quitté son travail de menuisier et il a expérimenté que le Père, qui nourrit. les oiseaux du ciel et habille les fleurs, a une réserve de pain et de tissu pour les fils qui travaillent dans son Royaume.
Le Père n'envoie personne au travail sans lui promettre ce dont il a besoin. Mais ses ouvriers devront s'occuper seulement du Royaume, seulement de son Roy
Tout le nécessaire pour leur vie et leur travail, ils le trouveront tout pt. Ils devront peiner seulement pour son Royaume. Oh, que de peine! De la peine pour rester dans la paix, de la peine à détourner le regard de soi pour l'orienter à lui et jouir de lui, de la peine pour rester fils, de la peine pour donner aux autres les paroles et les sourires de Dieu. Mais tout cela est oublié lorsqu'on voit le Père penché sur ta pauvreté afin que rien ne te manque de nécessaire et parfois même de superflu.
Bienheureux les pauvres, je me souviens d'avoir entendu dire par le Maître. Oui, bienheureux les pauvres car ils peuvent voir la main du Père qui s'ouvre à eux. Bienheureux ceux qui, choisissant Jésus, n'ont plus de souci pour eux, ne s'occupent pas de ce monde qui croit d'exister lorsqu'il est riche; c'est le moment oÙ le monde s'éloigne de Dieu et se perd dans une mer faite de rien.
Bienheureux celui qui, pour aimer Jésus, pour avoir seulement lui dans son cœur, distribue ce qu'il possède, se détache de tout, devient pauvre.
Moi, André, qui me suis plaint de la pauvreté, je peux te le dire: laisse toutes tes perles, ne risque pas que quelques-unes occupent de la place dans ton cœur. Que tout ton cœur soit pour Jésus! Cela vaut la chandelle! Il n'y a pas de richesse plus grande car alors tu pourras voir près de toi le Père. ^^^ Table

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