JE VAIS A LA MESSE 4
LES AGNEAUX ET LES LOUPS
Tu as donné un signe de ta volonté de paix à celui qui est à c8té de
toi. L'as-tu regardé dans les yeux? Lui aussi veut te dire, avec son geste
simple et quotidien, qu'il veut être un frère ou une sœur pour toi. Tu
te rappelles peut-être encore de lui maintenant que tu n'es plus à l'église.
Regarde autour de toi: que de personnes ont donné le geste de paix! Où
que tu sois, tu n'es plus complètement un étranger. Tu as une grande famille.
Pour cela si tu as besoin d'aide ne crains pas de la demander et si tu
peux aider quelqu'un ne crains pas de donner ton temps, tes choses, ton
énergie. Laisse-toi aimer gratuitement par tes frères et aime gratuitement
ceux qui ont besoin de quelque chose ou de quelqu'un. C'est ainsi que
le signe de paix que tu échanges à la Messe se développe et ne devient
pas un mensonge.
Maintenant c'est le chant "Agneau de Dieu" qui résonne. C'est
une parole que l'on adresse à ton Seigneur, à Jésus-Christ. Pourquoi l'appelle-t-on
ainsi? Pour plusieurs raisons. Avant tout c'est Jean-Baptiste qui l'a
appelé ainsi. Mais pourquoi?
Jésus-Christ est l'agneau de Dieu parce que c'est Dieu qui l'a envoyé
et avec son Sang, ce ne sont pas seulement les portes des maisons juives
qui ont été marquées (comme le sang de l'agneau pascal des juifs) mais
c'est notre âme qui a été lavée pour le salut éternel. C'est Lui qui s'est
chargé de nos péchés et les a emportés avec lui... En outre Jésus Christ
est aussi doux qu'un agneau qui ne se plaint jamais et qui, plutôt que
de faire du mal se laisse dévorer par les loups...
C'est pour cela qu'en chantant il peut t'arriver de penser non seulement
à Jésus mais aussi à ce qu'il a dit: "Voilà, je vous envoie comme
des agneaux parmi des loups".
Lui est l'agneau de Dieu: si tu le manges ... tu deviens un avec Lui:
toi aussi agneau, doux, conciliant, pacifique, incapable de penser et
de faire le mal ni aussi de le rendre.
C'est une folie aux yeux d'un monde habitué à être violent et à répondre
au mal avec le mal. Mais toi, chrétien "tu vaincras le mal avec le
bien" dit St Paul. Et St Pierre ajoute: "Pour celui qui connaît
Dieu c'est une grâce de souffrir parce qu'on est traité injustement",
et aussi "ne répondez pas par des insultes à 'celui qui vous insulte;
répondez au contraire avec de bonnes paroles car Dieu vous a appelés lui
aussi à recevoir ses bénédictions".
Ni St Paul ni St Pierre étaient faibles ou illusionnés: ce sont des disciples
qui ont bien appris la leçon du Maître et ils nous la répètent.
"Heureux les invités à la Cène du Seigneur". Qui sont-ils?
Tout le monde est invité, tous ceux avec lesquels Jésus Christ s'est engagé:
tous les baptisés. Toi aussi! Heureux les invités car une invitation de
ce genre ne vient pas des hommes. L'invitation à la Cène du Seigneur c'est
une invitation qui vient d'en Haut: heureux celui qui la reçoit.
Sais-tu que tu es un bienheureux? Te rends-tu compte de ta dignité puisque
tu es invité par Dieu?
Mais si tu n'acceptes pas l'invitation ... tu refuses ce que Dieu peut
te donner de plus grand. Si tu refuses ou ignores l'invitation tu deviens
responsable de ta perdition, de ta tristesse, de ton vide intérieur, de
ta solitude, de ton tourment.
Les invités qui participent à la Cène du Seigneur sont des heureux: ils
jouissent de la joie de l'Esprit Saint -je ne peux te dire comment, tu
dois essayer- ils sont amis de Dieu, indignes toujours mais amis. Ils
ont la possibilité de comprendre et d'accueillir les frères, ils sont
dans l'humilité que Dieu aime et qui ouvre les trésors de sa miséricorde.
Ils savent très bien à qui ils appartiennent et cela leur donne la sécurité
et la paix dans la vie, cette sécurité et cette paix qui te permettent
d'affronter avec sérénité et courage les difficultés, les situations pénibles,
les maladies, la mort.
La Communion au Corps du Christ c'est une véritable béatitude, une porte
ouverte au ciel. Tu es invité. Va! Ne regarde pas à ce que pensent les
autres, ne permets pas que les idées critiques et négatives des hommes
puissent té faire renoncer à l'invitation de ton Dieu.
Tu es invité. Regarde celui qui t'invite: Y a-t-il quelqu'un de plus important
que Lui? Va!
JE NE SUIS PAS DIGNE
"Seigneur, je ne suis pas digne de participer à ta table".
Tous nous disons cela, même le prêtre et le Pape lorsqu'il célèbre.
Je ne suis pas digne: si je participe à la communion au Corps du Christ
ce n'est pas parce que je suis quelqu'un d'important mais c'est seulement
parce que c'est Lui qui m'a appelé. Le Seigneur a fait venir aux noces
les handicapés, les aveugles, les bons à rien, même les méchants. Il m'appelle
parce que je suis l'un d'eux. Je sais que je n'en suis pas digne mais
il m'appelle tout de même.
Aucune des personnes qui vont à la Messe sont dignes de se communier.
Il faut s'en rappeler sinon comment sera ton remerciement? Comme celui
du Pharisien dont Jésus dit qu'il retourna chez lui pire que ce qu'il
était auparavant?
Je ne m'étonne jamais que de grands pécheurs se présentent pour recevoir
la Communion. Et non plus que de petits pécheurs viennent tous les dimanches
ou tous les jours: c'est moi qui les invite, au nom de Jésus! Cependant
je sais que souvent les grands pécheurs jouissent davantage de la sainte
Communion par rapport aux petits pécheurs: ceux-ci en effet sont tentés
de se croire dignes tandis que ceux-là non.
Avec cela ce n'est pas mon intention de pousser quelqu'un à devenir un
grand pécheur mais j'invite tous à conserver et à faire croître une humilité
véritable et convaincue. Qui est-ce qui n'a pas péché? Comment peux-tu
juger l'importance de ton péché? Laisse à Dieu le jugement et toi demande
pardon parce que tout manque d'amour et tout égoïsme ont éloigné de toi
le Saint-Esprit. Tu as donc toujours une raison pour te considérer un
grand pécheur.
Pendant que je distribue la sainte Communion normalement on chante. C'est
la joie et l'adoration qui trouvent ainsi une expression communautaire.
Quelqu'un préfère un moment de silence et de recueillement: c'est bon
et saint. Celui qui désire le chant ne doit pas mépriser le désir de silence
et vice versa. Ce sont des façons différentes de s'entretenir avec Jésus
qui est devenu désormais un avec moi en me donnant joie divine et responsabilité
également divine: si je suis devenu Corps du Christ j'agirai comme Jésus!
Avec patience, avec mes incapacités, avec humilité sachant bien que je
n'arriverai jamais complètement, confiant toutefois avec décision et abandon
en son aide.
Celui qui ne participe pas, pour des raisons différentes (il se trouve
en péché mortel, ou il vient de manger, ou il a déjà participé à une autre
Messe dans sa paroisse ou il a peur que ses collègues de travail l'appellent
"mange-hosties" et les amis le définissent "demi-prêtre"
ou bien sa femme ou sa mère ne lui ont pas dit de communier) celui donc
qui ne participe pas peut toutefois faire la "communion spirituelle":
qui consiste en un dialogue avec Jésus pour l'inviter à prendre place
dans son cœur: "Viens en moi, Jésus, je désire ta présence. Viens
à ma rencontre, je t'aime et je te remercie de m'aimer et d'être mort
pour moi. Dès que je pourrai, je participerai à ta table... ". Ainsi
personne ne restera spectateur. A la Messe et surtout au moment de la
Communion il n'y a pas de spectateurs. Ou tu participes ou tu feins.
Ce pain que tu reçois on le porte aussitôt ou pendant la semaine aux malades.
Ils ne peuvent venir à l'église mais ils ne sont pas privés de ce don
de Dieu qui est leur plus grande consolation.
Ce sont eux qui participent d'une façon plus sensible aux souffrances
de Jésus Christ et "les complètent au bénéfice de son Corps qui est
1'Eglise" dit St Paul. C'est pourquoi nous leur sommes reconnaissants
et rendons plus véridique le don de la Communion en leur rendant visite
en leur donnant ainsi, avec cette visite, un signe concret que leur Communion
au Corps du Christ est une communion avec nous aussi qui sommes membres
du même Corps.
Généralement c'est le prêtre qui se charge de ce service. Mais pour contenter
le désir du malade -qui est aussi le désir du Seigneur- de recevoir la
Sainte Communion plus souvent, le curé peut se faire aider par des fidèles
préparés à cela et qui ont reçu de l'évêque ce mandat.
Le malade sait qu'il reçoit Jésus: peu importe les mains qui le lui offrent.
Il sait bien que, comme il est indigne de Le recevoir, personne n'est
digne de Le porter.
VA, DONNE CE QUE TU AS RECU
La Sainte Communion me fait participer d'une façon très simple, en mangeant
un petit morceau de pain, à la foi de millions de croyants répandus dans
le monde entier: elle me fait participer à la vie spirituelle des chrétiens
qui vivent dans la simplicité des campagnes et dans la confusion des villes,
des chrétiens qui combattent tous les jours contre les tentations de leur
ègoisme et de ceux qui tous les jours doivent affronter l'opinion publique
contraire à Jésus Christ. Par la Sainte Communion je participe à la foi
des chrétiens qui vivent en prison, repentis de leurs délits et de ceux
qui sont abandonnés dans les asiles ou qui languissent dans les hôpitaux
...
Chaque fois que je participe à la Communion je me mets en syntonie spirituelle
avec les frères qui sont passés sur cette terre et jouissent maintenant
du fruit du salut au ciel; avec les martyrs, les vierges, les pasteurs,
les moines, les mères et pères de famille, avec tous les saints.
C'est en communion avec eux que je vis mes journées en vivant de ma foi.
Et j'espère ne pas devoir trop rougir devant eux quand je les rencontrerai
face à face.
La Sainte Messe termine ainsi avec cette Communion sacramentelle au Corps
du Christ: Pain Eucharistique et famille qui se nourrit de Lui.
Encore un instant: partiras-tu de l'Eglise sans qu'on te le dise? Tu es
entré, invité par le Seigneur. Ce sera Lui qui te dira de partir. Mais
il te le dira en te confiant une tâche, une mission.
Il te bénit: rappelle-toi que tu es une personne bénie par Dieu, par
Dieu le Père, par le Fils Jésus, par le Saint-Esprit. Tu portes sur toi
les noms de Dieu, tu portes en toi la bénédiction. Maintenant va, répands-la
partout où tu vas.
"Allez en paix". Ce n'est pas une invitation à sortir de l'Eglise:
c'est par contre une invitation à porter ce que tu as reçu de Jésus Christ
là où tu passes ton temps. Porte aux frères et aux hommes dans le monde
la communion de l'Esprit Saint, porte la Joie et l'espérance, porte le
pardon et la nouvelle lumière que tu as reçue.
Je termine avec les parole que le Card. Conrad Ursi a prononcé à Canal
San Bovo le 5 août '79; "Mes frères, après la Messe sortez-vous de
l'Eglise en hommes nouveaux ou sortez-vous tels que vous étés entrés?
Il est triste de penser que nous devrions nous renouveler chaque dimanche
pour croître en un renouvellement et spiritualisation de la communion
avec le Père et communion avec les frères dans une civilisation de grâce
et d'amour; tandis que l'impression que l'on a c'est que de dimanche en
dimanche augmente la corruption des mœurs même dans les pays chrétiens,
même parmi les chrétiens. Et alors je vous demande: que recherchons-nous
quand nous venons à l'église. Concrètement: étés-vous à la recherche du
Christ qui devient l'eau qui vous désaltère, la nourriture qui vous suffit?
Est-ce que vous vous en allez pleins de la lumière du Christ, pleins de
la grâce du Christ? Est-ce que vous vous en allez comme Eglise plus unie,
plus serrée autour de l'évêque, autour du curé? S'il n'en est pas ainsi,
mes chers frères et sœurs, cela veut dire que votre recherche a été vaine,
que c'est un rite que vous avez accompli mais à quoi a-t-il servi? A rien,
à rien !
Le reproche que Jésus fait à ceux de Capharnaüm c'est le reproche de Jésus
qui vient à moi, à vous si nous ne venons pas ici pour garder sa Parole
au fond du cœur et pour nous transformer dans sa chair ressuscitée pour
devenir hommes ressuscités, pour vivre une vie nouvelle dans la justice,
dans la vérité, dans la grâce et dans la charité sociales''
PASSE ET FUTUR: AUJOURD'HUI!
Après avoir dialogué avec les hommes sur le moment le plus important
de ma rencontre avec Toi Seigneur Jésus Christ, je viens devant Toi, à
ta présence.
Dans la Messe j'ai vécu, très distraitement, l'expérience que tu as eu
une seule fois, à Jérusalem, au Cénacle, avec les amis qui te suivaient
depuis trois ans.
Je me suis rendu compte un peu de l'amour que tu avais pour eux et, à
travers eux, pour moi aussi. Tu as agi d'une façon si simple et presque
normale pour leur faire vivre, par des signes, le plus grand évènement
de ta vie et de l'histoire de l'humanité: ta mort et ta résurrection.
C'est par ton passage du monde des pécheurs au monde du Père que Tu nous
a sauvés.
C'est vraiment à ta mort et à ta résurrection que j'ai pris part pendant
la Messe. J'y ai pris part au moyen de signes, les tiens, mais la participation
a réellement eu lieu: ma vie est présente à ton Calvaire, non comme la
présence des soldats et de tes amis; c'est en effet ta présence à Toi
qui se réalise en moi et en mes frères petit à petit; c'est ton passage
de ce monde au Père: je m'en aperçois lorsque je vis selon ta Parole;
alors je constate, même si j'en souffre, que ce monde s'éloigne et quelqu'un
me le fait remarquer en me disant de tenir les pieds sur la terre! Mais
tu sais que je veux justement déplacer mes pieds de ce monde-ci au monde
du Père. C'est celui-là le monde que j'attends, le monde qui viendra.
Toi, avec cette Messe, tu m'as donné un avant-goût du monde qui viendra.
Tu m'as donné un avant-goût du banquet des Noce de l'Agneau, de la joie
de ma rencontre avec Toi quand tu reviendras dans la gloire.
Tu m'as fait vivre d'avance les temps futurs... un tout petit peu.
Oh, je sais que tu voudrais que je vive pleinement d'ores et déjà la joie
éternelle mais je suis tellement incapable de la contenir! Je vis en ce
corps qui attend la mort et tant qu'il n'est pas mort il ne peut arriver
à sa plénitude parce qu'il lui manque le pas nécessaire, c'est pourquoi
ta joie je dois encore l'attendre!
Je l'attends cependant plein de confiance et d'espoir parce que je sais
que tu es en train de prier pour moi et pour tous ceux qui croient en
Toi. Tu l'as dit à tes disciples justement pendant la Cène.
Tu es devant le Père comme un Agneau égorgé, comme un grand prêtre avec
ton Sang versé: tu es ainsi devant ton Père pour moi, pour nous! Tu pries
pour nous: je sais que tu demandes à ton Père de nous envoyer l'Esprit
Saint. Et le Père t'écoute et t'exauce. Ainsi aujourd'hui il a envoyé
l'Esprit pour sanctifier ce pain et ce vin sur lesquels étaient tendues
mes mains en un geste d'obéissance.
Et à travers ce Pain et ce Vin que nous avons mangé et bu, l'Esprit a
formé de nouveau ton Corps, ce Corps vivant que nous sommes, unis à Toi,
Jésus.
Comme l'Esprit a formé ton Corps saint dans les entrailles de Marie, ainsi
l'Esprit aujourd'hui donne la vie de nouveau à ton Corps, un Corps qui
rend présent ton amour sur le monde entier: l'Eglise!
Jésus, l'Eucharistie ne termine pas: je continue à te remercier, et chacune
de mes actions veut en être la preuve, parce qu'il ml est possible d'être
membre de ton Corps, parce qu'en me tenant serré à ton Corps, l'Eglise,
il m'est possible de recevoir la puissance de ton Esprit. Prends chacun
de mes souffles comme un remerciement de ma part et comme une nouvelle
supplication!
Merci parce que je suis déjà en Toi dans ton cœur, aie pitié de moi parce
que je n'y suis pas encore tout à fait; mes péchés nous tendent toujours
des pièges mais le Père écoute Ta prière!
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